Cyberwoman

La Guyane

La France d’Amazonie
Publié le 28 février 2007

Si je vous dis "le bagne", "les moustiques", "l’enfer vert"...à quoi pensez-vous ? Allez, je vous aide encore un peu : il s’agit du plus grand département français, il y fait 27°C en moyenne, et c’est d’ici que décolle toute les trois semaines une fusée Ariane... Ah ! Je vois au sourire qui éclaire votre visage que vous avez trouvé ! En effet, il s’agit de la Guyane, cette terre française méconnue d’Amérique du Sud, îlot de richesse sur ce continent si pauvre, sur le bord de la mythique forêt Amazonienne... le bout du monde !

Curieuse sensation quand on arrive : on est en France... et pourtant, ça ne ressemble à rien de connu...

La Guyane est une formidable terre de contrastes : ici se côtoient les tribus Amérindiennes qui vivent dans cette forêt équatoriale sauvage et inconnue (certaines nous sont inconnues et évitent tout contact avec nous), les vestiges des bagnes et leur cortège de fantômes, le Centre Spatial Guyanais et sa technologie de pointe, les tortues Luth qui viennent pondre sur les plages depuis des siècles, le Carnaval, troisième au monde après Rio et Nice...

Le passé, le présent et le futur s’entremêlent étroitement...

Pourtant bien peu de gens viennent jusqu’ici, alors qu’il y a de formidables vacances à passer pour qui est curieux et aime la nature... Mais attention, la Guyane se mérite ! Il ne faut pas avoir peur de rencontrer une mygale (bien inoffensive tant qu’on ne l’embête pas !) dans sa chambre, de transpirer alors que la température avoisine les 30°C et que le taux d’humidité de l’air est de 95%, de risquer d’attraper la dengue ou le paludisme (seulement en forêt profonde !), de se faire dévorer par les moustiques...

Mais si vous surmontez tout ça, à vous la visite des fameuses "Iles du Salut", où Dreyfus purgea sa peine de bagne, le décollage d’Ariane (franchement une expérience inoubliable !), la descente du fleuve Maroni grâce aux adroits piroguiers Bushi-Nengué, la nuit en "carbet", cet abri amérindien construit dans la forêt où vous dormirez dans un hamac....et bien sûr vous aurez le plaisir de goûter une fricassé d’iguane, de maïpouri (tapir) ou de tatou ! (et je ne vous parle pas du Paresseux, du singe ou de la tortue !)

Bref, si vous êtes plutôt sportif et écolo, alors la Guyane vous plaira, mais si pour vous les vacances sont faites pour se prélasser sur des belles plages au bord d’une mer transparente, alors là, mieux vaut aller aux Antilles...

Le Carnaval en Guyane...

Depuis le 6 Janvier dernier, le Roi Vaval règne de nouveau sur la Guyane ! En effet, ici, contrairement aux autres régions de France, on n’enlève pas les décoration de Noël au mois de Janvier : la fête continue, malgré la saison des pluies qui bat son plein, et chaque week-end, les groupes carnavalesques paradent au son des percussions dans les costumes qu’ils préparent pendant la semaine, et souvent depuis des mois....

Le carnaval de Guyane est parait-il le troisième au monde après Rio et Nice : c’est vrai qu’en longévité au moins, il bat sûrement un record : 8 semaines en cette année 2001 ! Chaque dimanche voit son défilé dans les rues de Cayenne et de nombreuses communes petites ou grandes comme Kourou, Saint-Laurent du Maroni, etc...

Petits les premier temps, ils s’enflent à mesure que les semaines passent, jusque l’apothéose des grandes parades de la semaine des Cendres : le mardi gras est la journée des diables rouges, où tout le monde doit être déguisé en noir et rouge, le mercredi des Cendres, on pleure la prochaine mort de Vaval, en signe de deuil on est en noir et blanc, et c’est aussi la journée des mariages, où les couples sont inversés (les femmes en homme et les hommes en femme !), puis vient la dernière grande parade, au cours de laquelle le comité d’organisation (une instance ici !) va distribuer des récompenses aux groupes...

Avant de clore le Carnaval par l’incinération de Vaval... Mais beaucoup plus méconnue, l’institution pendant toute cette période des Universités Guyanaises ! Que viennent faire la dedans, me direz-vous, les très sérieuses facultés ??? Et bien, non, ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit : on appelle "Universités", au moment du Carnaval, les immenses hangars qui abritent chaque samedi soir les danses effrénées des Touloulous et de leur cavaliers, au sons de groupes Créoles qui leur chantent biguines et autres spécialités bien d’ici ! Je vous vois grimacer : Touloulous, qu’est-ce que c’est que ça ??? Et bien une Touloulou est une femme déguisée de manière à ne pas pouvoir être reconnue ; les Touloulous sortent de chez elles en catimini la nuit venue, seule où en groupe, et une fois dehors, elles ont tout pouvoir sur les hommes : c’est elles qui les invitent à danser, qui les draguent, etc... !

Le costume Touloulou répond à des "normes" bien précise, car rien ne doit laisser deviner qui se cache sous le masque : une robe longue et à manche à col haut, de préférence pleine de volants et de dentelles et dans des couleurs chatoyantes et des tissus brillants, un masque blanc qui peut être maquillé, une perruque et éventuellement un chapeau, une écharpe pour cacher son cou, des gants, chaussettes et chaussures ! Une sorte de femme voilée mode guyanaise, quoi ! Mais qui va aller danser ainsi accoutré alors que la température extérieure est de 24°C ? Et bien détrompez-vous, "faire Touloulou" est ici une activité très prisée et profondément ancrée dans la culture Guyanaise, et qui amuse même beaucoup certaines "métros" en séjour ici... Les jeunes filles rêvent du jour où leur mère les emmènera enfin avec elle, les femmes cousent des robes pour elles, pour vendre où louer et investissent beaucoup d’argent pour leur toilette... Car les hommes aiment être invité à danser par "une belle Touloulou", et les costumes doivent être renouvelées souvent pour plus d’anonymat !

Dans les Universités, les femmes non Touloulous ne sont pas acceptées, sauf comme spectatrices sur une sorte de balcon, éventuellement... Et les hommes, les rois de la fête ? Pas si sûr, car ils ne savent pas qui ils ont en face d’eux, et gare s’ils se conduisent mal, c’est peut-être à la meilleure amie de leur femme qu’ils sont en train de mettre la main... où il ne faut pas ! D’où vient cette tradition ? Je ne me suis pas penchée sur la question, mais je suppose qu’elle est née d’un besoin de revanche de la femme Guyanaise face à un créole volage et macho, pas toujours facile à vivre ! Voilà, encore une tradition française méconnue qui vient d’être mise à jour...

Quand on vous dit que nous vivons dans un pays formidable dont la principale richesse est la diversité !!!


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