Cyberwoman

La découverte

Publié le 28 février 2007

Pour moi, pauvre ardennaise vivant à des centaines de kilomètres de la mer, il était inconcevable de pouvoir surfer en France. J’avais bien entendu parler de Biarritz et de ses superbes vagues, mais je n’imaginais pas que TOUTE la côte Atlantique surfait...

Cela, je l’appris en arrivant sur l’île d’Oléron. La première fois que je vis des surfeurs "pour de vrai", c’est en allant à la plage. A cette époque je ne connaissais pas les meilleures plages, alors j’allais où il y avait du monde. Mais en fait il s’agissait de "spots"... il fallait le savoir !

Je ne mis pas longtemps pour m’y mettre. Le seul inconvénient, c’est que le surf est considéré à tort comme un sport de mecs (comme la moto). J’ai eu beaucoup de mal à trouver des combinaisons à ma taille ! On me prêta une planche, et sous les conseils de mes amis, je me suis jetée à l’eau. Les vagues à Oléron peuvent être belles sans être très hautes. Un bon mètre est largement suffisant pour débuter.

Mon collègue me parlait de surf à longueur de journée. C’est surtout lui qui m’incita à m’y essayer. Il m’expliquait combien c’était génial de pouvoir maitriser cette vague et d’en faire ce que nous voulions. Il me dit aussi que j’aurais sûrement du mal à me mettre debout au début, que certains avaient mis des années avant d’y parvenir… Mais que lorsque mon heure viendrait, ce serait un moment unique, inoubliable...

Je n’ai pas resisté plus longtemps ! Enfilant rapidement mon shorty flambant neuf, ma planche sous le bras, ignorant la peur et cette eau froide, je me suis lancée. C’est difficile de décrire la première fois. Les conditions n’étaient pas terribles et je m’appris juste à "prendre la vague"… Mais la troisième fois, et ça je m’en souviendrai toute ma vie, les conditions étaient parfaites. J’y étais allée après le boulot. Il était presque 20h et le soleil déclinait… les vagues étaient parfaites. Le vent venait de la terre et découpait parfaitement la crète des vagues, avec ces embruns caractéristiques… Il devait y avoir environ un mètre cinquante, et des dizaines de surfeurs se trouvaient là eux aussi. Avoir de telles conditions en fin de journées était exceptionnel et tout le monde voulait en profiter. Ne voulant pas gêner les meilleurs, je me mis un peu à l’écart, là où les vagues étaient les moins fortes. Il ne faut pas oublier qu’un mètre cube d’eau pèse une tonne… lorsque vous vous prenez une vague sur la tête, vous la sentez passer…

Ce jour là j’étais prête, je le sentais. Après avoir passé facilement la barre, pour une fois, je m’essaya sur quelques vagues, un genou sur la planche. Il faut dire aussi que j’avais une Barland, une petite planche de champion et que non seulement elle avait une parfaite " tenue de route ", mais en plus elle était très légère. Nous guettions tous une série de belles vagues…. Et lorsqu’elle pointa le bout de son nez, je n’ai pas hésité. Je me suis mise à ramer comme une folle et au moment opportun, je me suis d’abord mise à genou, puis je me suis relevée. Ca y était, j’étais debout sur ma planche !

Et c’était vrai. C’était un moment unique et magique. On se sent le maître du monde, la plus grande surfeuse de tous les temps, on a l’impression de pouvoir contrôler les éléments… C’est bien beau de se mettre debout, mais quand on ne sait pas se diriger, et surtout pas dans le sens de la vague, ben il y a bien un moment où votre rêve rencontre la dure réalité de l’eau froide. J’étais très fière de moi, bien que ça n’avait rien d’exceptionnel pour tous les garçons qui étaient là…

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas voulu prolonger cette soirée. Je suis remontée sur la plage et j’ai regardé le soleil se coucher pendant une bonne demi-heure pour graver à jamais cet instant dans ma mémoire.


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