Cyberwoman

Pouce ou sucette, faut-il choisir ?

Publié le 27 février 2007

Que choisir entre ces deux maux ? L’un et l’autre ont leurs inconvénients, sans toutefois y opposer quelques avantages. Itinéraire d’une bataille perdue d’avance.

1ère partie : le pouce

Lorsque j’étais enceinte de ma première fille, j’avais plusieurs idées bien arrêtées sur certains points : entre autre, il était hors de question d’utiliser une sucette.

Pleine de bonnes intentions, la tête remplie de tous les préceptes et conseils glanés dans les livres et revues, j’allais découvrir qu’il existe un gouffre entre la théorie et la pratique, tout au moins dans certains domaines.

Les 2 premières journées à la maternité se passèrent très bien en compagnie de ma fille. Elle dormait, mangeait (enfin tétait), dormait, mangeait …La deuxième nuit, fut par contre éprouvante car elle prit son rôle de bébé à cœur et mit toute son énergie à ressembler à tout ce qu’on m’avait raconté. Elle se réveilla tous les quarts d’heure, pleurant malgré un estomac rassasié, une couche propre et un gros câlin dans les bras de sa maman (moi !) Impossible de la calmer plus de 10mn.

Le lendemain, dans la journée, elle sombra dans un profond sommeil pendant ….1 heures et remit le couvert tout le reste de la journée. Tant et si bien que lorsque le papa arriva vers 18h, après son travail, je l’envoyais immédiatement à la pharmacie la plus proche pour acheter une sucette !

De retour à la maison, ma fille mis en pratique une deuxième habitude bien connue des bébés : perdre sa sucette toutes les 5mn : dans son lit, dans nos bras…La nuit cela nous obligeait à nous lever toutes les demi-heures pour lui remettre en bouche et gagner ainsi …demi-heure supplémentaire de vague somnolence.

Lors de ma première visite chez le pédiatre, je lui contais ma " faiblesse " et lui demandais si la sucette était vraiment incontournable. Il m’expliqua alors que la succion était un besoin physiologique chez l’enfant et que cela l’aidait à se calmer, à mieux maîtriser ses émotions. Il me mit en garde cependant contre une utilisation abusive de la sucette. En effet, cet objet ne devait pas devenir le seul remède aux petits soucis de l’enfant. Il est vrai que depuis quelques temps, le réflexe aux moindres pleurs était plutôt de mettre fin à la cacophonie en colmatant l’orifice dont provenaient les sons stridents avec l’objet miraculeux (la sucette dans la bouche, en clair !) Je devais respecter la dose prescrite !!!

Je m’apprêtais donc à cohabiter avec cet objet pendant plusieurs mois en m’imaginant déjà tous les inconvénients à venir :

Sucette tombant sans cesse par terre (pleine de microbes) Déformation du palais Mamie trempant sans cesse la sucette dans la confiture Heures passées à chercher ou bébé à bien pût faire tomber sa sucette etc… Je mis donc au plus vite un plan de suppression progressif de l’objet du délit. Après examen de mes bouquins, plusieurs possibilités s’offraient à moi

Profiter d’une maladie durant laquelle, ma fille la mettrait elle-même provisoirement de côté Essayer de reporter l’attention sur un autre objet (doudou) de façon progressive Attendre qu’elle soit plus grande pour lui faire comprendre qu’elle grandit et la faire participer au processus. J’étais gonflée à bloc et persuadée que je viendrais rapidement à bout de ce fléau. Une nuit, je me réveillais en sursaut. Ma fille venait de dormir 3 heures d’affilée, sans pleurer, sans se réveiller. Je sautais de mon lit d’un bond, suivi du papa et nous nous précipitâmes dans la chambre pour constater qu’elle dormait profondément, la sucette à coté d’elle etc …..le pouce dans la bouche !!! Mes plans tombaient à l’eau, tout était à refaire.

2ème partie : le pouce

C’était incroyable ! Du jour au lendemain, elle ne voulait plus de sa sucette. Dans un premier temps, je trouvais la situation plutôt favorable. Mes nuits n’étaient maintenant rythmées que par les 2 biberons à donner ce qui me laissait un peu plus de temps pour mon sommeil qui se devait d’être réparateur afin d’affronter la journée du lendemain. Mais cette consolation fût de courte durée car j’envisageais rapidement les nouveaux inconvénients de ce fléau de substitution.

Pouce plein de microbes car les mains de bébé ça touche à tout et surtout au chien qui adore lui lécher les doigts pleins de nourriture sucrée ! Déformation du palais etc… J’étais revenu au point de départ avec un obstacle supplémentaire : il allait être difficile de supprimer le pouce de quelque façon que ce soit !

Bien sûr, les gens s’émerveillaient devant ce bébé suçant son pouce : " comme elle est mignone ! Regardez là, elle est fatiguée, elle suce son pouce ! "

Malheureusement je me rendis compte que ma fille était soit une fatiguée chronique, soit elle ne mettait pas son pouce dans la bouche que lorsqu’elle était fatiguée. Du coup il devenait tout irrité, mais heureusement elle en avait un de rechange !!!

Mais curieusement, les choses changèrent positivement toutes seules au bout d’un certain temps. Ma fille avait 3 ans, l’entrée en maternelle approchait et elle ne suçait son pouce qu’en soirée lorsqu’elle était fatiguée (finalement !) Je me mis alors à espérer avoir mis au monde un bébé plein de bon sens et sachant ce qui était bon pour elle. Je m’imaginais déjà, me réveillant un matin et découvrant que tout comme pour la sucette, elle avait abandonné le pouce.

La maîtresse me rassura d’autant plus lorsqu’elle m’expliqua que c’était courant à cet âge et que ma fille ne suçait pas du tout son pouce en journée et qu’il faudrait que je m’en inquiète si cela persistait au delà 5 ans. La première visite chez le dentiste, me confirma ces propos et contribua à endormir ma vigilance.

Je me retrouvais donc un après midi chez ma maman qui me fît gentiment remarquer qu’il était quand même anormal que ma fille suce encore son pouce à 6 ans. Mon dieu que le temps passe vite ! J’avais eu un moment de distraction ! Il fallait maintenant agir d’urgence. Mes fidèles livres et revues (qui entre parenthèse ne m’avaient pas servi à grand chose jusque là) me conseillaient de ne pas employer la manière forte : ne pas lui retirer systématiquement le pouce de la bouche, ne pas lui frapper la main, ne pas la gronder ; Alors que faire ? Je pris donc ma fille et la regardait droit dans les yeux. Je lui expliquais simplement la situation, les tenant et les aboutissants, persuadée que finalement à 6 ans elle était en mesure de comprendre. Elle acquiesça avec enthousiasme à toutes mes paroles, surtout lorsque je lui promis une belle récompense en cas de réussite. Et au bout de 2 jours elle avait réussi… à me faire espérer !

J’adoptais enfin un remède de grand-mère : j’achetais en pharmacie, un vernis à ongle au goût amer, utilisé pour les personnes qui se rongent les ongles. En 2 semaines, la partie était gagnée. Je n’en revenais pas. Je pris alors conscience que je m’étais vraiment laissée dépassée par les évènements. J’avais gagné cette bataille avec ma première fille. La plus jeune avait à cette époque 3 ans et demi et je ne referais pas les même erreurs avec elle. Voilà ce que je me dis à ce moment là.

Et bien je n’ose même pas vous raconter comment cela se passa avec la plus jeune, tellement j’aurais honte !!!


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