Cyberwoman

L’accouchement

Publié le 27 février 2007, mise à jour le 13 mai 2007

Ces derniers jours sont une souffrance permanente : autant physique que morale car l’attente est pénible.

Nous sommes le 14 juillet, nous avons du monde pour déjeuner. Je m’en réjouis car cela m’occupera un peu. A peine sont-ils arrivés que j’aie déjà envie qu’ils repartent. Je suis sur les nerfs : j’ai chaud, je n’ai pas faim, j’ai mal partout. Assise, j’ai mal au ventre, debout j’ai mal au dos. Je suis insupportable, tout le contraire de d’habitude, si si. Le repas terminé, nous nous installons au jardin et les choses empirent. J’ai dû trop manger, j’ai mal au ventre et……..MAL AU VENTRE !!!!!

Mais ma pauvre fille, réagis, ce mal de ventre, ce n’est pas une douleur banale c’est LE mal de ventre ! Enfin, je crois….. C’est ma première grossesse. Attends, réfléchis, rappelle-toi les descriptions de Laurence Pernoud, sur les contractions…. mince je sais plus et puis elle commence à m’énerver aussi celle là ! Je vais me débrouiller seule. Je regarde la pendule, je chronomètre la durée des douleurs et l’intervalle : il n’y a pas d’intervalles, ça n’arrête pas, c’est une douleur continue ! Evidement faut toujours que je me distingue ! Bon laisse tomber, ça va passer. Punaise 16h, les voilà qui réclame le café, le gâteau. Ils ne pensent qu’à manger !

Finalement, ils s’en vont, il est 18h. Ouf ! Le futur papa ayant remarqué mon tracas, me questionne. Il me presse de me rendre à la maternité. C’est à deux pas, nous avons choisi une petite maternité " familiale " près de chez nous. Je ne voulais pas accoucher dans une " usine ", un hôpital où les sages femmes passent d’une salle à l’autre sans même savoir votre nom : elles entrent, te disent : " poussez ", sortent le bébé et passent dans la salle suivante. Mon gynécologue a bien essayé de m’en dissuader (encore un sujet de discorde entre nous) : " tu te rends compte ? S’il arrive quelque chose, il n’y a pas d’anesthésistes sur place, il faudrait transporter le bébé dans un hôpital ! " Je l’ai remercié de sa vision très encourageante des choses et je suis restée sur ma position.

Nous sommes donc le dimanche14 juillet et je me dirige vers la clinique avec ma petite valise. Imaginez la scène : je débarque pour accoucher, un dimanche soir vers 19h et de surcroît un jour férié !!! Inutile de vous dire que l’accueil n’est pas des plus chaleureux. Visiblement je dérange…un peu. On m’installe dans une salle avec des électrodes partout sur le ventre : le monitoring. Au bout de 10 minutes, le verdict tombe : fausse alerte ! " Ce n’est rien, madame, juste un peu de fatigue, d’anxiété. Vous n’accoucherez pas avant 2 ou 3 jours " l’infirmière s’approche de moi une seringue à la main : une piqûre dans les fesses pour calmer la douleur, et me voilà de retour chez moi.

Deux ou trois jours, c’est énorme, moi qui croyais me débarrasser du " paquet " aujourd’hui ! Je me couche de bonne heure. Vers minuit, je me réveille en sursaut : la douleur est de nouveau là. Zut, (et je suis polie !) Je me tourne et me retourne dans mon lit, rien n’y fait. Je me lève et entame une longue promenade autour de la table de la salle à manger, entrecoupée de pauses durant lesquelles je me plie en deux pour atténuer la douleur, puis je repars. Le temps passe, la douleur s’accentue. Je passe la nuit à arpenter toute la pièce. Cinq heures du mat’, j’ai des frissons……non je m’égare là !

Le futur papa veut me ramener à la maternité. " Mais non, c’était une fausse alerte, tu les as entendus, c’est pour dans 3 jours ! " Je tiens encore 2 heures et là je craque : tant pis si je passe pour l’andouille de service mais on y retourne. Inutile de vous décrire la tête des infirmières me voyant " déjà de retour. Les petites maternités c’est sympa, mais faut pas les bousculer non plus ! Je leur explique, elles sont sceptiques, que dis-je, sarcastiques, elles installent le monitoring, puis, toucher vaginal : " et bien vous êtes à 9 cm, il était temps que vous arriviez ! " On m’installe dans la salle d’accouchement. Il fait chaud et associée aux contractions, cette chaleur me transporte dans un état second. Je ne vois plus rien je ne sens plus rien….sauf ces maudites contractions qui m’arrachent des cris dont je ne me savais pas capable. Une sage femme, petite, costaud, trapue, genre chef d’état major, me demande " gentiment " de crier moins fort pour ne pas réveiller les mamans qui dorment. Une infirmière, après avoir consulté mon dossier, m’informe qu’elle va téléphoner à l’anesthésiste pour ma péridurale.

Elle revient au bout de 5 minutes pour m’annoncer : " il y a un petit problème, l’anesthésiste n’est pas disponible, qu’est ce qu’on fait ? " QU’EST CE QU’ON FAIT ? Je ne vais pas revenir un autre jour, non mais c’est une marrante celle là ! Déjà que je souffre le martyr, savoir en plus que je n’aurais pas ma péridurale ! Je ne suis pas pour les bonnes vieilles méthodes, moi ! Vive le progrès !!! Les choses s’accélèrent : contraction, respiration, poussez, contraction, respiration…….. " Ne poussez plus ! Voilà la tête " Ça y est c’est presque fini, je souffle, la douleur va s’arrêt…..Nom d’une pipe ! Je l’avais oublié celle là : l’épisiotomie. La sage femme vient de couper " dans le vif " (ne tournez pas de l’œil c’est moi qui souffre !) pour permettre à la tête du bébé de passer plus facilement. Après tout est flou pendant un moment.

Finalement je retrouve mes esprits et elle est là, je la vois, elle est magnifique et déjà toutes ces souffrances sont loin, oubliées.


calle
calle
calle