Cyberwoman

Le mythomane

Publié le 21 janvier 2008

Vous avez sans doute dans votre entourage une personne que vous trouvez assez prétentieuse, à qui il arrive toujours tout un tas de trucs, qui en général la valorisent. Elle vient d’être félicitée par son patron pour son travail impeccable, de toutes façons la boite ne tournerait pas sans elle... Elle vient de recevoir une grosse somme d’argent de sa famille... Elle gagne au PMU toutes les semaines... Elle n’a qu’un BTS mais est considérée et payée comme un ingénieur qualifié... Elle a un succès fou auprès du sexe opposé... Elle ne sort qu’avec des mannequins... Mouais, elle a en général beaucoup (trop) de chance...

Bien sûr, à chaque fois, vous n’avez que sa propre version et aucun moyen de la vérifier. A force d’entendre ses histoires, vous pensez qu’elle a soit le cul bordé de nouilles, soit qu’elle cravate dur ! Car il faut se rendre à l’évidence, personne ne peut avoir autant de bonnes choses dans sa vie, continuellement !

Cette personne est probablement mythomane : elle se raconte des films, elle cache et déforme la vérité soit pour ne pas perdre de sa crédibilité, soit pour se mettre en valeur. Mais dans tous les cas ce sont des mensonges. Elles se cachent derrière des fables pour contrer un manque de confiance en elles. Cette prétention avec laquelle elles vous narguent, est en fait un voile pour dissimuler leur misérable et pathétique vie à laquelle vous n’avez strictement rien à envier.

Quand on est gosse, on se raconte des histoires auxquelles on peut finir par croire. Ce n’est pas bien méchant. Mais une fois l’enfance passée, si un adulte va toujours dans ce sens, il souffre de névrose et a besoin de consulter un psy. Le problème est que le mythomane peut entraîner dans sa chute d’autres personnes qui n’avaient rien demandé. D’un point de vue psychologique, ce n’est ni par dépit ni par vengeance : c’est juste parce qu’il ne sait plus où se situe la vérité. Il finit par se persuader lui-même de ses mensonges ! C’est une vraie pathologie. Ils fuient une réalité qui les ferait souffrir.

Prenons l’exemple d’une rupture : si c’est l’autre qui est partit, il n’est pas question d’admettre qu’il ne vous aimait plus. Il n’est même pas question d’admettre que ce soit lui qui ait rompu. Et cette histoire devient alors une sorte de conte de fée : « il m’aimait comme un fou mais c’est moi qui ai préféré arrêter. Ce sera dur pour lui, mais bon... on restera sans doute de grands amis ». Alors qu’en réalité ce connard l’a larguée pour une autre poufiasse et elle espère qu’il sera malheureux jusqu’à la fin de sa vie.

On peut aussi avoir exactement son contraire : la vérité est que le mytho attendait quelque chose que vous ne pouviez pas lui apporter, même avec la meilleure volonté du monde. Il peut alors tellement déformer les faits qu’il va influencer ses propres amis à vous détester. Il peut aussi nier le fait que vous ne voulez plus de contact avec lui et il va continuer à vous harceler de toutes les façons possibles et imaginables en vous jurant à chaque fois qu’il a comprit et qu’il ne recommencera plus. Mais dans sa tête, il y a un câble déconnecté du reste qui refuse catégoriquement la rupture car au fond de lui il se sent trop bien pour vous et il refuse d’admettre qu’il puisse être rejeté. Touché dans son orgueil, il va inventer n’importe quoi, allant jusqu’à vous calomnier, vous dénigrer.

Ou encore « J’étais en désaccord avec mon boss sur sa politique économique aussi j’ai préféré démissionner par honnêteté envers mes convictions, et puis j’ai tellement d’autres opportunités que je ne souhaitais pas gâcher mon temps et mon talent plus longtemps chez lui » alors qu’il vient de se faire virer avec perte fracas pour avoir piqué dans la caisse et qu’il n’est pas prêt de retrouver un boulot, car de toutes façons il est trop vieux. Le patron en question peut alors devenir la pire ordure qui ait jamais existé et qui n’a pas hésité à licencier un brave père de famille sans aucune raison.

Je pense aussi que le mythomane a besoin d’une cour qui l’écoute, qui le convoite, qui l’aime car il a malgré tout une haute estime de lui-même (légitime ou pas). Le web est le nouveau pain bénit des mytho, ils ont trouvé un public de choix : qui n’a jamais rencontré sur un chat quelqu’un qui se la racontait ? Avez-vous déjà compté le nombre de personnes qui sont « chef d’entreprise » ou que leurs amis trouvent « agréable physiquement » ? C’est tellement facile et pratique de s’inventer une vie derrière son écran !

Je crois aussi que lorsque le mythomane est confronté à ses propres mensonges et qu’il se retrouve seul, il devient rapidement paranoïaque et psychotique. De quoi serait-il capable alors ?

J’ai de nombreux autres exemples mais je n’ai pas besoin d’en citer d’autres car je suis sûre que vous avez reconnu un voisin, un parent, un ami ou un collègue dans cet article. Quelqu’un qui vous croit suffisamment naïf, manipulable et capable de croire à toutes ses conneries. Le mythomane est finalement un imposteur, un menteur et un vantard.

Tâchez de rester objectifs et de ne pas prendre partie si vous n’avez entendu qu’un seul son de cloche.


Tout aventurier est né d’un mythomane [André Malraux]
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